Comment décider ?

Nous prenons plusieurs centaines de décisions chaque jour.

Est-il possible de prendre de meilleures décisions ?
Et si oui, comment devenir un meilleur décideur et ne pas se tromper en faisant les mauvais choix ?

Références

Cet article se base notamment sur les travaux et recherches du sociologue français Christian Morel ainsi que de l'auteure Annie Duke.

Résultat d'une décision

Toute décision est par définition une prédiction de l'avenir. 🔮

Lorsque vous prenez une décision, vous visez le choix qui vous rapproche au maximum de vos objectifs tout en tenant compte du niveau de risque.
C'est en imaginant l'avenir affecté par votre choix que vous allez vous projeter sur les résultats possibles.

Ces résultats dépendent alors de deux facteurs :
- La qualité de votre processus de prise de décision 

- Le hasard

Étant donné qu'il n'est pas possible de maîtriser ce qui est aléatoire 😥, améliorer votre processus de prise de décision est la seule façon d'améliorer vos résultats.

Cela est d'autant plus important lorsque vous êtes face à des décisions importantes. Votre objectif :
- Savoir prendre une décision sans rester bloqué dans l'inaction ou l'indécision.
- Éviter de prendre la mauvaise décision.

Bien entendu, le meilleur processus de prise de décision et les meilleurs outils ne vous garantissent pas d'envisager l’avenir avec certitude. Mais cela ne signifie pas que l’amélioration de votre processus n’est pas un objectif à poursuivre.

Alors, comment prendre une bonne décision ? 

"Il n’y a que deux choses qui déterminent comment votre vie évolue : la chance et la qualité de vos décisions. Vous n’avez le contrôle que sur une de ces deux choses." Annie Duke

Un processus de prise de décision adaptable

Lorsque vous décidez de prendre une décision, vous n'allez pas investir le même temps et la même énergie en fonction de la situation.

Par exemple, le temps et l'énergie que vous consacrerez pour choisir votre repas du soir ne seront pas les mêmes que ceux que vous emploierez pour déterminer votre prochain lieu de résidence.

Un bon processus de décision doit s'adapter à la situation rencontrée afin de n'investir que le temps et l'énergie nécessaires à la situation.

La prise en compte des biais cognitifs

Chaque jour, nous subissons des biais cognitifs entraînant une distorsion dans le traitement que nous faisons d'une information.
Ces biais influencent nos prises de décisions et - malheureusement - connaître leur existence ne protège pas de leur apparition !

Prenons un exemple.

Imaginons que vous deviez choisir le lieu de vos prochaines vacances.

Pour vous aider à choisir (car vous devez réserver vos billets au plus vite 😟 !), vous décidez de lister les avantages et les inconvénients pour chacune des destinations envisagées.

Lors de ce choix, vous êtes confronté à un biais de confirmation qui vous pousse à sélectionner des informations qui vont dans le sens de vos convictions.
En d'autres termes, vous serez plus enclin à rechercher des informations confirmant votre choix de préférence (que celui-ci soit conscient ou non).

La liste que vous constituez va alors renforcer ce biais de confirmation, qui va avoir un impact d'autant plus fort sur votre décision finale.

Comparer les avantages et les inconvénients de chaque destination n'est pas un outil qualitatif, car il ne vous permettra pas de réduire l'impact des biais et, ainsi, de trouver LA meilleure solution. 

Notre processus de prise de décision doit proposer des outils minimisant l'apparition des biais cognitifs avec un investissement adapté à la situation.

Ces deux éléments étant identifiés, que faut-il mettre en place pour prendre les bonnes décisions 🤔 ?


Connaître son niveau d'investissement 📏

Comme nous l'avons vu, l'investissement nécessaire pour prendre une décision va dépendre de la situation.

Voici les facteurs pouvant influer sur le niveau d'énergie à investir et permettant ainsi de prendre des décisions rapides sans risque :

Impact de la décision
Quel sera l'impact de votre décision dans une semaine ? Dans un mois ? Dans un an ?

Coût de l'échec
Qu'est-ce que je risque si ma décision ne fonctionne pas ?

Coût du changement
Si le résultat espéré n'arrive pas, quel est le coût pour que j'arrête et change ma décision ?

Répétition de la décision
Est-ce que cette décision se répète régulièrement ?

Découpage de la décision en étapes
Ai-je une décision moins impactante qui m'aiderait à prendre la décision finale par la suite ?

Parallélisation d'étude d'options différentes
Puis-je tester plusieurs options en même temps ?

Cette liste de questions vous permettra de déterminer à quel point vous pourrez aller vite ou non pour prendre une décision.

Le rôle de l'intuition ?

Faut-il écouter son instinct pour alimenter son processus décisionnel et faire le bon choix ?
Cela dépend...

L'intuition apparaît dans deux cas :

L'intuition via les biais cognitifs (cas fréquent)
Votre intuition est l'expression de vos biais cognitifs.
Dans ce cas, écouter votre intuition est contre-productif, car cela vous amènera à prendre une mauvaise décision.

L'intuition via l'expertise (moins fréquent)
L'intuition peut également être l'expression de votre expertise qui, en détectant des signaux très faibles et imperceptibles, vous oriente vers la bonne décision.

Utiliser un (ou plusieurs) outil(s) d'aide à la prise de décision 🔨

Plusieurs outils vous permettent de minimiser l'apparition des biais pour vous aider à prendre la bonne décision.
Chaque outil ne demande pas la même énergie, et certains seront plus longs à mettre en place.

À vous de choisir, dans la liste ci-dessous, l'outil le mieux adapté à votre situation 😉 !

Liste des outils (du moins coûteux au plus coûteux) :
Première option satisfaisante
Passez en revue vos options et prenez la première qui répond positivement à cette question : "Si je n'avais que cette option, est-ce que je serais satisfait(e) ?"

Faits vs croyances
Reprenez tout ce que vous savez de la situation et classez-les en deux catégories :
1- Les faits indiscutables (qui sont vrais pour tout le monde)
2- Vos connaissances ou croyances personnelles

À ta place, je ferais...
Posez-vous la question : "Si un ami était dans cette situation, qu'est-ce que je lui conseillerais ?"

Avocat du diable
Jouez le rôle d'une personne avec un avis opposé à l'option que vous envisagez.

Demande d'avis extérieurs
Sollicitez l'avis d'une ou plusieurs personnes extérieures concernant la situation rencontrée en partageant avec eux les mêmes données factuelles dont vous disposez (et uniquement ça).

Recherche des informations manquantes
Posez-vous la question : "Quelles informations me feraient changer d'avis ?". Si ce type d'informations existent et sont accessibles, allez les chercher.

Exploration en sous-groupes
Constituez différentes équipes, chacune étant chargée de défendre une option en particulier. Puis faites une restitution globale.

Pré-mortem
Imaginez-vous dans le futur. Votre décision n'a pas eu les résultats attendus, vous regardez en arrière :
- Quelles sont les 5 principales raisons pour lesquelles la décision n'a pas fonctionné et qui étaient dans votre main ?
- Quelles sont les 5 principales raisons qui étaient indépendantes de votre contrôle ?
(Vous pouvez varier en considérant un résultat positif)

Arbre des possibles
Pour chaque option que vous envisagez, construisez un arbre des résultats possibles.
Pour établir cet arbre, indiquez pour chaque résultat (en fonction des informations dont vous disposez) :
- si c'est un résultat attendu ou à éviter ;
- une estimation de sa probabilité d'apparition et votre degré d'incertitude ;
- son poids : c'est-à-dire son importance si ce résultat arrive.
Enfin, comparez les différents arbres entre eux.

Note : vous remarquerez que la liste des "avantages et inconvénients" n'est pas un outil recommandé. Cet outil ne permet pas de prendre du recul et de confronter vos croyances, et n'est donc pas adapté pour prendre les bonnes décisions.

Schéma récapitulatif

Pour vos prochaines prises de décisions, vous pouvez vous reporter à ce schéma indiquant à la fois le processus conseillé et les outils adaptés :

Schéma d'aide à la prise de décision

En conclusion

Si vous avez peur de prendre des décisions et de vous tromper, vous risquez de réfléchir indéfiniment sans jamais agir.

Il est préférable de faire le choix de la première option satisfaisante disponible et d'aller plus rapidement dans l'action.

Même prendre des décisions difficiles devient alors aisé.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez approfondir le sujet, nous vous conseillons les livres suivants :

  • Les décisions absurdes (I et II), Christian Morel

  • How to Decide, Annie Duke

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