Efficacité de différents frameworks d'agilité à l’échelle

Il existe différentes méthodes d’agilité à l’échelle, aussi il peut sembler compliqué de déterminer celle qui est la plus efficace pour ses équipes.
Or, si vous êtes dans une approche de transformation de l’organisation de votre entreprise, vous souhaitez probablement ne pas vous tromper au moment de former votre personnel.

En se basant sur différentes études parues ces dernières années, portant notamment sur les modèles SAFe®, LeSS, Scrum de Scrum, Spotify, nous allons faire le point sur l’efficacité de différents frameworks d’agilité à l’échelle.

Comparaison entre chaque méthodologie d’agilité à l’échelle

Différentes méthodes ont été appliquées pour comparer les différents frameworks d’agilité à l’échelle dans des cas pratiques, afin d’éviter les biais statistiques.

Analyse de la variance

Tout d’abord, l’auteur de ce billet utilise un test statistique basé sur l’analyse de la variance, portant sur six critères et comparant des équipes formées par différents frameworks (équipes agiles) ou non formées :

  • amélioration continue ;

  • réactivité ;

  • intérêt pour les parties prenantes ;

  • autonomie ;

  • efficacité ;

  • soutien de la direction (management).

Il en ressort que les différences entre les méthodologies ne sont pas significatives. Plus précisément, pour un même framework utilisé, certaines équipes obtiennent de bons résultats, tandis que, pour d’autres, c’est le contraire.

Toutefois, une tendance se dégage : la méthode Scrum de Scrum semble être plus efficace que les autres sur les six facteurs étudiés. Mais le résultat de cette étude est à prendre avec moult précautions, car celle-ci est basée sur le ressenti des équipes interrogées.
C’est pourquoi une nouvelle étude portant sur une enquête déployée auprès des parties prenantes a également été prise en compte.

Enquête auprès des parties prenantes

Les personnes interrogées étaient des utilisateurs d’un service ou d’un produit, des clients et des parties prenantes internes. Douze questions leur étaient posées à propos des équipes étudiées, et les critères évalués étaient au nombre de quatre :

  • qualité ;

  • réactivité ;

  • fréquence de publication ;

  • valeur.

Une analyse de la variance sur les réponses à ces questions a permis de conclure que les différences entre chaque framework ne sont pas significatives.

La méthode SAFe® paraît un peu plus faible, et Scrum de Scrum un peu meilleur, mais un biais statistique est apparu : il n’y avait pas le même nombre de répondants pour chaque modèle.

Autrement dit, il est impossible à ce stade de déduire quelle méthode d’agilité à l’échelle est la plus performante, ni si l’absence de méthodologie est néfaste.

Il restait donc à éplucher la littérature scientifique afin de comparer d’autres études.

Compilation d’études scientifiques

Sur neuf articles de synthèse de nombreuses études scientifiques étudiés par l’auteur du billet, quatre ont été développés par ce dernier : Almeida & Espinheira (2021), Edison, Wang & Conboy (2021), Riedel (2021) et Putta, Paasivaara & Lassenius (2018).

En plus des méthodes SAFe®, LeSS et Scrum@Scale, d’autres ont été prises en considération, à l’instar de Spotify, Nexus ou DAD.

Almeida & Espinheira (2021) ont conclu qu’il n’existait pas de différences majeures entre chaque framework d’agilité à l’échelle. Ils précisent en outre que le meilleur modèle d’agilité à l’échelle est celui qui bouleverse le moins l’organisation d’entreprise déjà en place, et que c’est sur ce critère qu’il faut porter son choix.

Edison, Wang & Conboy (2021) confirment les propos ci-dessus, qui suggèrent que l’efficacité d’une méthode à former une équipe agile à l’échelle tient plus au contexte des organisations des entreprises dans lesquelles les frameworks sont déployés qu’au modèle en lui-même.

De son côté, Riedel (2021) a mis en évidence que la méthodologie Nexus améliore la coordination inter-équipes, tandis que SAFe® est plutôt négative sur ce point.

Enfin, Putta, Paasivaara & Lassenius (2018) se sont concentrés sur SAFe® et n’apportent donc pas de comparaison entre les frameworks d’agilité à l’échelle.

Le meilleur modèle d’agilité à l’échelle est celui qui bouleverse le moins l’organisation d’entreprise déjà en place.

Leur efficacité tient plus au contexte des entreprises qu'aux modèles eux-mêmes.

Conclusions de l’auteur

Il ressort de ces différentes études et recherches que les frameworks d’agilité à l’échelle n’apportent pas de différences majeures en matière de résultats pour une organisation agile. Leur pertinence est en réalité due à l’adaptation qui en est faite par rapport à l’entreprise considérée et à sa culture.

Ainsi, une même méthode apportera des changements efficaces uniquement si la méthodologie est compatible avec le fonctionnement et le management actuels, et si le responsable du changement tient compte des spécificités de chaque organisation.

Qui plus est, la qualité des processus internes influera sur le résultat final. La méthode appliquée ne pourra pas faire de miracles si ceux-ci sont inexistants ou inadaptés : une équipe ne pourra devenir agile que si le contexte de départ s’y prête, indépendamment du framework déployé.

une équipe ne pourra devenir agile que si le contexte de départ s’y prête, indépendamment du framework déployé.

Ce qu’en pense Goveol Formation

Pour aller plus loin dans les conclusions de l’auteur du billet sur lequel cet article se base, nous pouvons en déduire que les frameworks n’apportent que des changements de surface aux équipes. Leur impact est donc limité.

Penser qu’il suffit d’avoir un backlog, un daily meeting, un product owner pour transformer son organisation est une illusion.

Que vous fassiez du développement itératif et incrémental par sprint ou plutôt du développement par flux avec Kanban en vous inspirant du lean ne fait pas non plus beaucoup de différences tant que l’application de ces pratiques se fait sans conscience.

Pour sortir d’une gestion de projet traditionnelle et adopter la culture agile et produit, il est préférable d’embrasser l’état d’esprit d'une collaboration portée par les valeurs et les principes du manifeste agile. Et cette étape est un prérequis à toute transformation réussie.

Par conséquent, pour qu’une équipe devienne véritablement agile et que l’organisation de l’entreprise connaisse un vrai renouveau et soit plus efficace, il est nécessaire de travailler d’abord avec les membres du personnel et sur la qualité de leur collaboration.

Ce n’est qu'une fois ce travail effectué que vous pourrez éventuellement utiliser un cadre de travail pour bâtir une stratégie en lien avec la culture et le management en place

C’est la seule méthode pour obtenir des résultats probants sur la durée et constituer des équipes vraiment agiles et performantes.

Commencez par améliorer la collaboration au sein de vos équipes pour un passage durable vers l'agilité.

Lien avec d’autres études

Si vous avez lu nos articles précédents sur le projet Aristote porté par Google et sur le rapport Chaos, ces résultats ne vous surprennent pas.

Les différentes études vont dans le même sens : qui fait partie de l'équipe importe moins que la façon dont les membres de l’équipe interagissent, structurent leur travail et perçoivent leurs contributions.

Vous savez donc maintenant où concentrer vos efforts pour gagner en agilité et efficacité au sein de votre organisation.

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