Un groupe ou une équipe est une réunion de plusieurs personnes dans un même lieu. Instinctivement, on pourrait penser que l’intelligence du groupe est influencée par l’intelligence de chacun de ses membres. Par conséquent, est-il possible de considérer qu’il y a des groupes plus intelligents que d’autres ?
Pour aller plus loin dans cette problématique, un groupe peut-il être plus efficace dans toutes les réflexions ou les tâches auxquelles il est confronté que les autres groupes ?
Enfin, cette intelligence collective dépend-elle de chacun des individus qui composent le groupe ?
Pour répondre à ces questions, voyons s’il existe réellement une intelligence de groupe, et, si elle peut être mesurée, comment ?
Chacun le sait, il est possible d’évaluer l’intelligence d’une personne, grâce à un test de QI (quotient intellectuel). Cette notion a été inventée par Charles Spearman, un psychologue anglais. Sur la base d’un test standardisé dont l’interprétation doit être réalisée par un psychologue formé et habilité, il est donc possible d’attribuer un score à l’intelligence de chaque individu.
Son postulat a d’ailleurs été vérifié par de nombreuses études par la suite : une personne douée dans un domaine sera douée dans tous les domaines qui s’en rapprochent.
De nombreux scientifiques se sont alors demandé s’il était possible, de la même manière, de mesurer l’intelligence d’un groupe. Et la recherche a fini par fournir la réponse : oui.
Pour cela, chaque groupe d’individus peut passer un test en quatre parties, évaluant la capacité collective dans quatre compétences fondamentales que sont :
la logique ;
l’imagination et la créativité ;
l’optimisation ;
la coordination.
La capacité de réflexion logique est mesurée grâce au test des matrices de Raven, qui demande au groupe de conduire un raisonnement sur chacune des 18 questions posées. Par exemple, il lui faudra trouver la suite logique d’une série de figures géométriques complexes.
La créativité du groupe est mise à profit au cours de ce test qui consiste, par exemple, à trouver le plus de mots répondant à des critères définis à l’avance. Ceux-ci peuvent porter sur la première et la dernière lettre, sans contrainte de longueur de mot.
Savoir optimiser fait partie des tests d’intelligence. Un des grands classiques porte sur l’optimisation d’un trajet. L’objectif est de relier plusieurs villes d’un pays en réalisant le trajet le plus court possible. Chaque destination ne doit être “visitée” qu’une seule fois, mais il faut également revenir au point de départ à la fin.
Les résultats sont ensuite confrontés à la solution optimale donnée par un algorithme pour déterminer l’écart entre la proposition du groupe et cette dernière.
Enfin, le groupe de participants est testé afin de déterminer leur capacité à se répartir une tâche complexe puis à réaliser sa partie en commettant le moins d’erreurs possible.
Les différentes études menées ont conclu que les meilleurs résultats sont obtenus par les groupes d’individus qui sont capables de prendre les bonnes décisions ensemble. Par ailleurs, il a été prouvé que la note globale d’un groupe permet de prédire sur le long terme les performances dudit groupe à de futures réflexions, et ce quel que soit le thème sur lequel elles portent.
Alors, si un groupe est meilleur que les autres dans la réflexion ou la réalisation de tâches complexes, quel est l’origine de ces performances ? De nombreux chercheurs se sont penchés sur le sujet, et l’étude des différents résultats a abouti à des réponses parfois étonnantes.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le cas. Un groupe formé de personnes au QI élevé n’est pas forcément celui qui obtiendra les meilleurs résultats aux tests d’intelligence collective.
Dans ce cas, on serait tenté de supposer qu’un groupe performant tire sa force d’un leader qui, dans les faits, agit presque seul tandis que les autres membres du groupe se reposent totalement sur lui.
Pourtant, ce n’est pas le cas. L’intelligence du groupe n’est pas non plus en lien avec le QI d’un éventuel leader.
De nombreuses études ont montré que c’est la qualité des liens sociaux et de l’empathie au sein du groupe qui donne à ce dernier ses performances, plutôt que les compétences de chaque membre. Un test (nommé “lecture dans les yeux”), qui consiste à deviner des sentiments uniquement à partir de photos d’yeux, permet de mesurer cette capacité à comprendre les sentiments chez autrui.
Et justement, il s’avère que les groupes les plus performants sont aussi ceux qui réussissent le mieux à ce test. Et les résultats ont également mis en exergue le fait qu’un groupe majoritairement féminin obtient de meilleurs résultats aux tests d’intelligence collective. L’explication tiendrait dans leur capacité à être plus réceptives aux émotions des autres en comparaison avec les hommes.
Bien que l’idée du consensus soit séduisante en démocratie et soit souvent l’option privilégiée lors des prises de décision dans un groupe, ce n’est pas forcément la meilleure solution.
En réalité, les études en la matière ont montré que les groupes les plus performants sont ceux qui savent reconnaître quel individu est le plus compétent dans un domaine particulier. En clair, si une personne a des connaissances ou des compétences en lien avec la réflexion ou la tâche en cours, la performance du groupe est exacerbée lorsqu’une plus grande importance est accordée à cette personne.
Ainsi, le vote ou la moyenne des réponses n’est pas forcément la meilleure manière d’obtenir de bons résultats. Encore faut-il savoir reconnaître l’individu qui détient les connaissances dans un domaine donné, le laisser s’exprimer et lui faire confiance… Et c’est là que l’intelligence de groupe est particulièrement utile.
Le travail en groupe en entreprise, généralement appelé travail en équipe, est très prisé pour la création d’une dynamique vertueuse, dans le but d’atteindre des objectifs plus grands. Que ce soit en management, en marketing…, l’intelligence collective permet de rester compétitif vis-à-vis de la concurrence.
Des différentes études menées dans cette thématique, il ressort qu’un ensemble de cinq compétences clés forment les outils de cette intelligence de groupe :
la créativité : source d’innovation ;
la compassion : développement de l’entraide ;
la collaboration : mise en commun des compétences ;
la communication : échange des bonnes informations ;
la réflexion collective : stimulation des idées pertinentes.
Par conséquent, une entreprise qui souhaite favoriser le travail en équipe devrait mettre en avant ces compétences chez ses collaborateurs pour la constitution des équipes. Un projet aura d’autant plus de chances d’aboutir et d’être efficace si l’équipe impliquée met en commun ses compétences tout en restant à l’écoute de chacun des participants à la réflexion.
Une équipe fera preuve de la meilleure intelligence de groupe possible si elle réunit plusieurs conditions mises en évidence dans de nombreuses études. Les interactions sociales au sein du groupe doivent être basées sur l’écoute et l’interaction, afin de déterminer, pour une problématique donnée, quelle personne est la plus compétente. Faire appel au vote ou au consensus est généralement contreproductif pour aboutir aux meilleures idées.
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